Sale temps pour Nokia. Jeudi 18 juillet, l'ancien fleuron finlandais des télécommunications a publié des résultats financiers très décevants pour le deuxième trimestre 2013. Sur les trois premiers mois de l'année, le fabricant du mythique "3310" a vu son chiffre d'affaires reculer de 24 % pour s'établir à 5,6 milliards d'euros, contre 7,5 milliards l'année précédente. Le fabricant de téléphones a enregistré, par ailleurs, une perte nette de 227 millions d'euros, en amélioration de 85 % par rapport à celle subie en 2012.
Plus grave, les ventes de smartphones ont décroché de 25 %, confirmant la mauvaise pente sur laquelle se trouve le groupe, incapable de trouver sa place dans un marché en pleine expansion.
MARASME GÉNÉRAL
Même ses téléphones à bas coût, tels les modèles Asha vendus en Inde et qui soutiennent habituellement son chiffre d'affaires, ont moins de succès. Le Finlandais en a écoulé 20 millions de moins que lors du deuxième trimestre 2012. Ces téléphones subissent aujourd'hui la concurrence effrénée des smartphones "made in China" tournant sous Android, le système d'exploitation (OS) de Google, et vendus à moins de 100 dollars (76 euros). "Pourquoi continuer à acheter un téléphone basique quand une marque comme MediaTek ou Xiaomi fabrique des smartphones au même prix ?", s'interroge Francisco Jeronimo du cabinet IDC.
Seule bonne nouvelle dans ce marasme général : les Lumia, la gamme de smartphones vedettes de Nokia, tournant sous Windows Phone, l'OS deMicrosoft, semblent se porter un peu mieux. 7,4 millions d'unités ont été écoulées sur la période, contre 4 millions un an auparavant. Mais Daniel Gleeson, du cabinet IHS iSuppli, tempère ce succès : "Ce sont surtout les modèles d'entrée de gamme, comme le Lumia 510 vendu à moins de deux cents euros, qui trouvent preneur."
L'analyste fait remarquer que le revenu moyen tiré d'un smartphone Lumia est passé de 182 euros en 2012 à 157 euros cette année. Les modèles haut de gamme, ceux sur lesquels Nokia compte pour rattraper son retard par rapport àApple et Samsung, les deux stars incontestées du marché, ont toujours du mal à se vendre.
Pour Carolina Milanesi, du cabinet Gartner, ce n'est pas faute d'avoir des téléphones de qualité. Le dernier-né de la gamme Lumia, le 1020, lancé en grande pompe à New York le 11 juillet, présente par exemple un accessoire inédit : un objectif de 41 mégapixels, aussi performant que celui d'un appareil professionnel.
M. Jeronimo abonde en rappelant que tous les Lumia disposent d'un système de géolocalisation fonctionnant partout dans le monde sans connexion Internet. Et qui ne génèrent donc aucun surcoût à l'étranger. "Mais ça, les consommateurs ne le savent pas forcément", remarque-t-il.
MARKETING EN BERNE
Le problème de Nokia serait donc son marketing. Le fabricant n'aurait pas suffisamment ou pas correctement promu ses produits. "Aux Etats-Unis, un marché clef, lorsqu'on évoque le nom de Nokia, les consommateurs pensent tout de suite au 3310, mais quasiment jamais aux Lumia. Pour eux Nokia ne fait pas de smartphones", explique Mme Milanesi.
Autre souci : son partenariat avec Windows Phone, l'OS de Microsoft. Bien qu'il ait subi une cure de jouvence sans précédent avec la sortie de Windows 8 fin 2012, le logiciel ne trouve toujours pas son public. Beaucoup d'applications très populaires sur iOS d'Apple ou Android de Google comme Instagram, l'outil de partage de photos, ne sont pas présentes dans le magasin de Microsoft.