Est-ce parce qu'elle porte les initiales de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune ou bien parce qu'elle compte parmi les bolides de choix pour les pilotes en herbe sur consoles de jeux vidéo ? Toujours est-il que la notoriété de la Lexus IS F est sans commune mesure avec sa diffusion pour le moins confidentielle en Europe. Cette berline japonaise forte de 423 chevaux, transmis aux seules roues arrière via une boîte à huit rapports s'avère plus rare sur nos routes que certains bolides italiens à portières en élytres. C'est dire. Pourtant, lorsqu'on croise une Lexus IS en France, il s'agit très souvent d'une de ces IS F tonitruantes, et non d'une IS 250 ou IS 220d plus paisibles. Cette surreprésentation s'explique autant par l'excellente réputation du modèle auprès des amateurs éclairés que par l'anonymat complet dans lequel végètent ses sœurs à motorisations plus modestes. Un ombrage qui n'est pas sans rappeler celui que portait au reste de la gamme Subaru la célèbre Impreza WRX STI du temps de sa gloire.
Sur les deux premiers mois de l'année 2013, Lexus n'a vendu que 132 berlines IS en Europetandis que Volvo — le petit poucet de la catégorie premium — vendait quelque 1.550 berlines S60. Une paille ! Dans le même temps, Mercedes-Benz écoulait près de dix fois plus de Classe C, avec pas loin de 15.800 exemplaires ; Audi vendait 20.200 A4 et BMW quelque 26.852 Série 3 (source : JATO Dynamics). Même Porsche parvenait à battre le score de la Lexus IS avec sa seule Panamera, facturée trois fois plus cher et pourtant diffusée à 729 exemplaires. Dur.
Faire de Lexus le synonyme d'hybrides premium. Avant que BMW ou Audi ne s'impose.
On ne s'étonnera donc pas d'entendre Lexus souhaiter en finir avec cet état de fait.Immanquablement, la troisième et toute nouvelle génération de son IS se présente comme plus dynamique, plus confortable, mieux finie et plus performante que jamais — toutes vertus sensées emporter l'adhésion inconditionnelle de l'automobiliste européen. Refrain connu ! En 2005 déjà, le constructeur japonais pensait concilier les exigences contradictoires de l'Autobahn et des cols alpins lorsqu'il composa la seconde génération de l'IS. Une auto qui puisait ostensiblement son inspiration chez la BMW la Série 3 et qu'auréolait un double titre : première Lexus à proposer une motorisation Diesel, l'IS fut aussi le premier modèle de la marque à oser se mesurer à la BMW M3. Une révolution.
COMMENT ÇA MARCHE
- Le système Full Hybrid de la Lexus IS 300h associe un moteur électrique synchrone à aimants permanents de 105 kW (143 ch) et 300 Nm à un moteur 4-cylindres essence Toyota 2,5 litres à cycle Atkinson de 133 kW (181 ch) à 6.000 tr/min (221 Nm de 4.200 à 5.400 tr/min) doté de la dernière génération du système d’injection D-4S, de la double distribution variable intelligente VVT-i et d’un système de recirculation des gaz d’échappement (EGR) haut rendement. Le système hybride entraîne les roues arrière via la transmission à variation continue électrique (ECVT) et affiche une puissance totale de 223 ch. Le moteur électrique puise son énergie dans une batterie nickel-hydrure métallique logée à plat sous le coffre et pas verticalement, contre le dossier de la banquette. Les émissions de CO2 s'élèvent à 99 g/km pour 4,3 l/100 km en moyenne.
Las, la greffe ne prit pas. La seconde année de sa carrière fut la meilleure avec 21.000 unités écoulées en Europe en 2007, soit une part remarquable de 4,8 % du segment des familiales premium. Depuis, ce score n'a jamais été égalé malgré l'arrivée dans la gamme IS d'un coupé-cabriolet et l'impact favorable de l'IS F en termes d'image. Pour Étienne Plas, Directeur de la Communication chez Lexus il s'agit là de la preuve que Lexus doit se risquer à tenter de suivre une voie nouvelle qui consiste, sur un marché diésélisé à hauteur de 90 %, à faire l'impasse sur la motorisation Diesel qui assurait 50 % des ventes de la berline IS en France l'an dernier. Suicidaire ?
Non point. Lorsque la force de frappe d'un géant tel que Toyota Motor Corporation ne suffit pas à ébrécher la muraille dressée par le trio des marques allemandes, la vraie question est de savoir ce qui pourrait justifier plus longtemps de ne pas tenter une nouvelle approche (à ce propos, lire notre article intitulé : "Lexus cherche sa voie loin du Diesel"). "Nous estimons que les qualités et les atouts de notre double motorisation hybride suffiront à convaincre les gros rouleurs sensibilisés à la nocivité des particules de renoncer au Diesel", justifie Étienne Plas en soulignant que la Lexus IS 300h ne consomme en moyenne que4,3 litres de super aux cent kilomètres (cycle mixte normalisé) et n'émet que 99 g/km de CO2(109 g/km pour la version "Executive" plus lourde car mieux équipée). A l'issue de notre essai, nous avons relevé une consommation moyenne de 6,9 l/100 km sur autoroute, de 5,8 l/100 km sur route secondaire à allure très paisible, puis de 7,4 l/100 km en conduite sportive.
Les chiffres officiels de consommation et d'émissions donnent droit à la Lexus IS 300h à uneexonération de la TVS durant huit trimestres, ainsi qu'à un Bonus écologique de 10 % (4.000 euros maxi) pour les particuliers et les entreprises — lesquelles composent 46 % de la clientèle de la marque contre 35 % en moyenne pour le segment "premium". On voudrait y voir la preuve que l'image "verte" fait vendre mais on aurait tort de sous-estimer l'attrait fiscal de la chose. Lexus a ainsi calculé qu'entre le bonus et l'exonération de taxe, l'avantage concurrentiel de la Lexus IS 300h par rapport à une BMW 320d Diesel à boîte automatique s'élève à 5.633 euros sur trois ans, soit 156 euros par mois.
Mieux, comme toute bonne hybride, la Lexus IS 300h met en avant ses particularismes techniques pour justifier un coût d'entretien particulièrement bas. L'absence de courroie de transmission ou d'embrayage, l'allongement de l'espérance de vie des pneumatiques et du système de freinage s'ajoute économies susmentionnées pour ramener le coût d'utilisation mensuel à 57 euros contre 165 euros pour la BMW précitée, 210 euros pour une Audi A4 2.0 TDI Multitronic 8 et 211 euros pour une Mercedes-Benz C 220 CDI. En ne comptant pas le bonus de 4.000 euros auquel elle a droit, la Lexus IS 300h (de 37.900 euros à 53.000 euros) s'affiche 2.750 euros moins cher que la Mercedes (125 g/km CO2), encore 950 euros moins cher que la BMW (117 g/km CO2) mais 4.000 euros plus cher que l'Audi (127 g/km CO2). Pour un équipement plus généreux.
La Lexus IS 300h est livrée d'office avec une transmission automatique (lire plus loin à ce propos), le système Lexus de prévention des collisions, le régulateur de vitesse adaptatif (ACC), les phares automatiques (AHB), l’alerte de sortie de la file de circulation (LDA), le moniteur d’angle mort (BSM), et l’avertisseur de circulation arrière pour les manœuvres de recul ou de sortie de stationnement (RCTA).
Propulsion desservie par sa boîte CVT
La Lexus IS repose sur une plate-forme aménagée de sa grande sœur GS, refondue l'an dernier. Si le train avant ne diffère de la précédente IS que par le diamètre de la barre anti-roulis, le train arrière multibras est emprunté à la grande sœur GS. Un gage d'efficacité qui s'accompagne d'une direction à assistance électrique sensiblement plus agréable et plus précise que celle de la génération précédente. Le comportement routier de la Lexus IS 300h n'atteint certes pas le niveau de sportivité attendu d'une propulsion alignée en face de la BMW Série 3 mais les progrès sont suffisamment évidents pour savoir les apprécier.
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Faut-il préférer à la simple version "Luxe" affichée au même tarif de 46.700 euros la version F Sport, que l'on peut équiper du "Pack F Sport +" comprenant un amortissement piloté. Il s'agit là essentiellement d'une affaire de goût puisque l'amortissement se montre tout aussi prévenant pour les vertèbres tant qu'on conserve le commutateur en mode "Normal". En revanche, le raffermissement sensible (quoique jamais caricatural) qui s'opère lorsqu'on bascule sur la position "Sport Plus" ne suffit pas à faire de la IS 300h une berline de sport.
De toute manière, les accélérations et les reprises ne s'y prêtent pas. Songez que la Volkswagen Jetta Hybrid de 170 chevaux n'exige que trois dixièmes de plus seulement que la Lexus IS 300h de 181 chevaux pour passer de 0 à 100 km/h. Alors que coûte moins de 31.000 euros. Et n'allez pas croire que la version F Sport ira plus vite du fait de son survêtement ! Ce n'est que poudre aux yeux.
Confort et efficacité avant sportivité
Direction agréable, consistance enfin naturelle de la pédale de frein, châssis équilibré avec train avant accrocheur et arrière discipliné… L'absence de caractère réellement sportif de la Lexus IS 300 h est à mettre sur le compte, une fois de plus, de la transmission variable en continu, indissociable de l'hybridation selon Toyota Motor Corporation. Les ingénieurs Lexus ont eu beau travailler à rendre plus naturelle la relation entre l'élévation du régime moteur et celle de l'allure du véhicule — pour un résultat perceptible, j'en conviens — la réactivité et le rendement de cette CVT ne peuvent égaler ceux de la fameuse boîte manuelle robotisée à double embrayage DSG 7 de Volkswagen.
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D'une génération à l'autre, la Lexus IS a grandi de 8 cm en longueur et d'1 cm en largeur. La place centrale arrière n'est toutefois pas viable : le tunnel de transmission et le plafonnier empiètent trop sur le faible espace dévolu au condamné. Image © LQA — E. Bergerolle |
UN FREINAGE NATUREL
- Jusque-là, les hybrides Lexus ne faisaient pas exception à la règle : la consistance de la pédale de frein variait de manière imprévisible en fonction du taux de charge de la batterie et de la vigueur du système de récupération de l'énergie cinétique. La Lexus IS 300h échappe à cette malédiction en découplant les deux types de freinage sur le modèle de ce que Renault a réalisé avec Bosch pour la ZOE (lire notre article "Freinage découplé Renault ZOE"). Lorsque le pied enfonce la pédale, un capteur mesure l'avancement et le traduit en une force de freinage qu'un calculateur interprète et répartit entre freinagerécupératif et freinage hydraulique. La consistance naturelle de l'effort à la pédale est obtenue par un accumulateur de pression séparé.
La Lexus IS 300h conserve ainsi une propension agaçante à faire mouliner son moteur dès lors qu'on le sollicite vivement, quoique bien moindre que celle de sa petite sœur CT 200h apparentée à la Toyota Auris Hybride. Passe encore lorsqu'on conduit paisiblement. Mais cela devient vite pénible lorsqu'on attaque une montée de col avec la résolution d'exploiter les capacités d'un châssis qui ne réclame rien mieux que s'amuser. On peut certes recourir au mode manuel pour égrener des rapports que l'électronique fixe artificiellement à un régime donné mais il n'offre pas une maîtrise aussi complète que le Multitronic d'Audi.
Les mauvaises langues diront que Lexus a tenté de se faire pardonner en glissant un "Système de gestion active du son ASC" sous la planche de bord de la version "F Sport". Il s'agit d'un haut-parleur qui simule de manière convaincante la sonorité riche et plaisante d'un six-cylindres, même lorsque le 4-cylindres est coupé et que l'IS 300h file en mode tout électrique. Esbroufe ? Pas tant que cela puisque, à défaut de s'embarrasser de subtilité, ce gadget convainc par sa capacité à donner l'illusion d'une meilleure réactivité de la mécanique. En somme, le ASC donne à la Lexus IS 300h le soupçon de piment qui lui manque sans gommer ce sentiment de légèreté qui naît de la satisfaction d'avoir fait un geste pour la qualité de l'air. Et de le faire savoir au volant d'une voiture d'allure aussi raffinée qu'exotique.
En résumé |
Lexus IS 300h (2013)
De 37.900 euros à 53.000 euros (99 à 109 g/km de CO2) |
| Fonctionnement "transparent" de la double motorisation
Confort préservé, y compris en mode Sport
Comportement routier précis et efficace
Consommation maîtrisée et bon rapport prix-équipement
Inconsistance dans la pédale de frein presque éradiquée |
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| Une image qui reste à créer
Accélère moins fort que son plumage le laisse suggérer
Habitabilité arrière compromise en place centrale
A faible vitesse, sur chaussée lisse, un grondement sourd signale le redémarrage du 4-cylindres essence |
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» Confort | 4/5 |
» Prix / Equipements | 4/5 |
» Performances | 3/5 |
» Consommation | 5/5 |
» CO2 | 5/5 |
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